L’évolution constante de la société humaine requiert des cadres juridiques flexibles et adaptatifs. Dans l’Islam, la coutume, connue sous le nom d’Al-‘Urf’, émerge comme une source de législation qui permet de répondre aux défis contemporains tout en respectant les principes fondamentaux de la législation islamique. Cet article explore le rôle de la coutume en tant que source de législation en Islam, en s’appuyant sur les idées présentées dans un texte précédemment traduit.
1. Définition d’Al-‘Urf’ :
Al-‘Urf’ est défini comme ce que les gens adoptent dans leurs actions quotidiennes, que ce soit par des pratiques courantes ou des expressions verbales acceptées. Il englobe à la fois l’usage pratique, comme les transactions commerciales, et l’usage verbal, comme l’attribution de termes spécifiques à des concepts particuliers.
2. Al-‘Urf’ comme Source Légale Valide :
La coutume est acceptée en tant que source légale si elle est valide, c’est-à-dire si elle respecte les principes de la législation islamique. Elle ne peut ni rendre licite ce qui est illicite, ni rendre illicite ce qui est licite. Ainsi, Al-‘Urf’ est une preuve légitime si elle est en harmonie avec les enseignements de l’Islam.
Allah a dit: « Et comportez-vous convenablement envers elles » Sourate Les Femmes V.19.
3. Al-‘Urf’ Validé par les Juristes :
Les érudits islamiques, en particulier les Hanafites et les Malékites, ont accordé une importance significative à l’utilisation d’Al-‘Urf’ dans l’interprétation des textes légaux. Ils considèrent la coutume comme une base pour résoudre des questions pratiques dans divers domaines tels que les transactions commerciales, les statuts personnels, et même les peines pénales.
4. Conditions d’Acceptation d’Al-‘Urf’ :
Pour qu’Al-‘Urf’ soit pris en considération, quatre conditions doivent être présentes:
a/ Il doit être général ou prédominant,
b/ établi au moment de la transaction,
c/ non contradictoire avec une déclaration contraire,
d/ et non contraire à un texte légal ou à un principe juridique établi.
5. Al-‘Urf’ en Conflit avec d’Autres Sources :
En cas de conflit entre la coutume et d’autres sources telles que l’analogie (qiyas), alors le ‘Urf prévaut.
S’il ya conflit avec le texte authentique (Quran ou hadith) alors c’est ce dernier qui prévaut, suivi par le consensus (ijma’) s’il est authentique. Si aucune de ces sources ne résout le conflit, la coutume est utilisée comme moyen de résolution.
Conclusion :
Al-‘Urf’ en Islam représente une approche pragmatique et adaptative de la législation. En reconnaissant la nécessité d’ajuster les cadres juridiques aux réalités changeantes, la coutume offre une flexibilité tout en préservant les principes islamiques fondamentaux. En intégrant la coutume comme source de législation, l’Islam démontre sa capacité à répondre aux besoins évolutifs de la société tout en restant fidèle à ses valeurs intemporelles.