Dans le cadre des rituels islamiques entourant le jeûne, en particulier pendant le mois sacré du Ramadan, les directives pour entamer et rompre le jeûne sont clairement établies entre l’aube (Fajr) et le coucher du soleil. Un sujet de discussion récurrent parmi les érudits islamiques concerne le timing approprié pour arrêter de manger et de boire avant l’aube. À cet égard, le rite malékite offre une perspective unique qui le distingue des autres écoles de pensée islamiques.
Perspective Malékite sur l’Abstinence avant l’Adhan du Fajr
Les savants malékites encouragent une abstinence volontaire de quelques minutes avant l’adhan du Fajr pendant le Ramadan (15 à 20mn), considérant cette pratique comme une sunna (tradition prophétique louable) plutôt que comme une obligation ou permission. Cette approche est valorisée comme un acte de prudence et de prévoyance, visant à éviter le risque que l’adhan retentisse alors que le fidèle est encore en train de manger ou de boire. Les Malékites voient dans cette pratique une manière de s’assurer que le jeûne commence dans un cadre de pureté et de conformité totales, sans risque d’infraction involontaire.
Distinction par rapport aux Autres Écoles
Cette position contraste avec les interprétations des autres principales écoles juridiques islamiques (Hanafite, Shafi’ite, et Hanbalite), qui s’appuient davantage sur une interprétation littérale du verset coranique stipulant que l’on peut manger et boire; Allah Exalté soit-Il dit: « Mangez et buvez jusqu’à ce que le fil blanc de l’aube se distingue nettement du fil noir pour vous » (Coran, 2:187).
Il est rapporté dans les deux Sahihs et d’autres que lorsque le verset du Très-Haut fut révélé : « jusqu’à ce que le fil blanc se distingue nettement du fil noir de l’aube », Adi ibn Hatim dit : « Ô Messager de Dieu, je place sous mon oreiller deux cordes, une blanche et une noire, pour distinguer la nuit du jour. » Le Messager de Dieu – paix et bénédictions sur lui – lui dit : « Ton oreiller doit être bien large. Il s’agit en fait de l’obscurité de la nuit et de la clarté du jour. ».
Ces écoles, en se référant directement au Coran, n’adoptent pas la pratique de l’abstinence volontaire avant l’adhan du Fajr comme une sunna à suivre, soulignant que le jeûne doit débuter précisément au moment de l’aube et non avant.
Justification Malékite
Les érudits malékites justifient leur position en mettant en avant la nécessité d’une marge de sécurité pour éviter toute transgression des limites divines, interprétant la flexibilité dans la tradition prophétique comme une porte ouverte à l’adoption de mesures préventives. Cette précaution supplémentaire est vue comme une façon de respecter l’esprit du jeûne, en évitant les erreurs potentielles liées aux approximations horaires de l’aube.
ils s’appuient sur l’acte du Prophète, que la paix et le salut d’Allah soient sur eux, et des compagnons qu’Allah soit satisfait d’eux; Il est rapporté dans Sahih Bukhari de Zaid ibn Thabit qu’ils prenaient le repas de l’aube (sahour) avec le Messager d’Allah, paix et bénédictions sur lui, puis se levaient pour la prière. On lui demanda combien de temps s’écoulait entre les deux, et il répondit : « L’équivalent de la récitation de cinquante versets. »
Est que l’Abstention est donc une Bida’a?
L’abstention de manger et de boire quelques minutes avant l’adhan du Fajr, telle que pratiquée par les adeptes du rite malékite, ne devrait pas être considérée comme une bidaa (innovation religieuse). Cette approche trouve en effet ses racines dans la Sira (biographie du Prophète) et les actions des compagnons, illustrant une prudence et une dévotion profondes dans l’observance du jeûne. Il est important de noter qu’aucun savant musulman de renom n’a jamais qualifié cette pratique de bidaa. Au contraire, elle est vue comme une extension de la compréhension et de l’interprétation des enseignements islamiques, visant à assurer que les fidèles respectent pleinement les temps prescrits pour le jeûne. Cette précaution est une manifestation de piété et de respect des limites fixées par l’islam, s’inscrivant harmonieusement dans la continuité des pratiques des premiers musulmans.