Le Hajj, le pèlerinage à La Mecque, est l’un des cinq piliers de l’islam, un devoir religieux pour chaque musulman qui en a les moyens. Cependant, pour les femmes musulmanes, le voyage pour accomplir le Hajj soulève des questions complexes en matière de compagnie (mahram) ou de la présence d’un mari. Les érudits de différentes écoles de jurisprudence islamique ont des avis divergents sur ces questions. Dans cet article, nous explorerons ces différentes opinions.
Opinion Hanafite et Hanbalite – La Nécessité du Mahram ou du Mari
L’école hanafite et hanbalite soutiennent que la présence d’un mahram (un parent masculin proche) ou d’un mari est nécessaire pour qu’une femme puisse accomplir le Hajj. Cette opinion repose sur des hadiths du Prophète Muhammad (Que la paix et le salut d’Allah soient sur lui) qui indiquent que: « nulle femme croyante ne devrait voyager sur une distance d’une journée et d’une nuit sans un mahram » [Rapporté par Al Boukhari / Mouslim]. De plus, un hadith rapporté d’Ibn Abbas indique que le Prophète (Que la paix et le salut d’Allah soient sur lui) a dit: « Aucun homme ne devrait être seul avec une femme à moins qu’il ne soit accompagné d’un mahram (un parent masculin proche), et aucune femme ne devrait voyager sans un mahram. » Un homme s’est levé et a dit : « Ô Messager d’Allah, ma femme est partie pour accomplir le Hajj (pèlerinage) et j’ai été enrôlé dans une telle bataille. » Le Prophète a répondu : « Va accomplir le Hajj avec ta femme. »[Rapporté par Al Boukhari / Mouslim].
Opinion Shaféite – La Possibilité de Compagnie Digne de Confiance
L’école shaféite adopte une approche plus souple, considérant que la présence d’un mahram ou d’un mari n’est pas une exigence absolue pour le Hajj. Ils estiment qu’il est suffisant d’avoir des femmes dignes de confiance pour accompagner une femme. Cependant, ils reconnaissent que la présence du mari et du mahram est souhaitable si disponibles. Cette opinion repose sur l’idée que la compagnie de femmes dignes de confiance peut mettre fin aux tentations et maintenir la modestie et la sécurité de la femme.
Opinion Malékite – Obligation du Mahram, mais avec des Alternatives en cas d’Absence ou d’Incapacité
L’école malékite stipule que la présence d’un mari ou d’un mahram est obligatoire pour le Hajj. Cependant, s’ils sont absents, refusent d’accompagner la femme ou sont incapables de le faire, la compagnie est autorisée à condition que la femme soit en sécurité et accompagnée de personnes dignes de confiance, hommes ou femmes. La sécurité de la femme est une priorité dans cette opinion, leur preuve est tiré de l’événement durant lequel le Calife Omar bnoul Khattab a autorisé à certaines épouses du Prophète (Que la paix et le salut d’Allah soient sur lui) de partir au Hajj à la fin de sa vie, et avait envoyé avec elles; Othman bnou ‘Affan et Abderrahman bnou ‘Awf, qu’Allah soit satisfait d’eux [Al Boukhari (1860)].
Opinions Dissidentes – Ibn Taymiyya et l’Imam Ahmad
Ibn Taymiyya a avancé l’idée que, dans des circonstances de sécurité, une femme pourrait entreprendre un voyage pour le Hajj obligatoire sans la présence d’un mahram. Cette opinion a été discutée en détail, notamment dans le contexte des voyages sûrs.
L’Imam Ahmad a fait une distinction entre les femmes jeunes et âgées. Selon lui, une femme âgée qui voyage seule sans mahram pourrait être autorisée si elle est en sécurité, car elle ne suscite généralement pas d’attention indésirable.
Conclusions:
Il est important de noter que ce différend concerne spécifiquement le Hajj obligatoire et ne s’applique pas au Hajj facultatif. En fin de compte, le débat juridique sur la présence d’un mahram ou d’un mari pour le Hajj des femmes illustre la diversité des opinions au sein de l’islam et la manière dont les érudits interprètent les textes religieux pour répondre aux interrogations des croyants. Pour les femmes musulmanes envisageant le Hajj, il est essentiel de consulter un érudit ou une autorité religieuse pour déterminer l’avis juridique qui s’applique à leur situation spécifique.